La péninsule du Yucatan située au Sud-est du Mexique abrite un réseau de grottes sous-marines unique au monde. Cette région est le Graal des plongeurs spéléo chevronnés, mais inutile d’être un mordu inconditionnel de la plongée sous plafond pour pouvoir profiter de ces merveilles de la nature. Balade dans les cénotes, au centre de la Terre … ou presque.
- Des cénotes dans la jungle
Ces fameux trous bleus se sont formés suite à l’effondrement des plafonds de calcaire des rivières souterraines qui parcourt la péninsule en tout sens. Le sous-sol du Yucatan est un véritable Gruyère, et nulle eau douce ne se trouve en surface. Les rivières souterraines ont donc été, depuis des milliers d’années, la seule ressource en eau des habitants de la région. Les Mayas leur accordait une importance toute particulière, à la fois comme ressource indispensable et comme portail de communication avec les dieux. Aujourd’hui, les cénotes reçoivent encore quotidiennement la visite de leurs fidèles, désormais en combinaison néoprène. A partir d’un Niveau 1 ou Open Water, et à condition de bien gérer sa stabilisation, il est possible pour tout plongeur certifié de plonger en cénotes. Il en existe des centaines, que ce soit au milieu de la jungle ou même en ville (certains font même office de piscines municipales !). Dans la province du Quintana Roo, où le tourisme s’est particulièrement développé ces dernières années, plusieurs dizaines sont accessibles aux plongeurs de passage.
Les cénotes sont si différents entre eux qu’à moins de vouloir écrire une encyclopédie sur le sujet, il serait illusoire de vouloir tous les décrire. D’autant plus que le plongeur lambda n’a en général accès qu’à une toute petite partie du réseau immergé. Outre qu’ils abritent quasi tous des formations rocheuses comme des stalagmites, stalactites et cristaux, les cénotes offrent des ambiances bien différentes.
- Plonger dans les cénotes
Le Cénote d’Eden Garden par exemple, accessible à tous niveaux, possède une grande partie découverte, qui grouille de poissons et où les algues sont vertes flashy. Sous plafond, les formations géologiques sont magnifiques. La vie est rare dans les tunnels, en raison du manque de lumière, mais le plongeur observateur pourra apercevoir une sorte de grosse anguille qui se faufile à toute vitesse entre les roches, vers l’entrée de la grotte. A l’inverse, la plongée dans le Taj Mahal se déroule la plupart du temps sous plafond. Les tunnels n’arrêtent pas de monter pour redescendre ensuite. Un peu près au milieu de la plongée votre guide vous fera sortir la tête de l’eau dans un autre cénote, en pleine jungle. Car les cénotes forment un réseau et sont donc reliés entre eux par les rivières sous-terraines. Dans certaines « salles » immergées, il vous est possible de jouer avec l’Halocline, l’effet trouble créé par la rencontre de l’eau douce avec l’eau salée de la mer toute proche.
Le cénote de Chichen Ha offre lui aussi de longs passages sous plafond et une sortie en milieu de plongée. La lumière y est d’ailleurs magnifique et les petits poissons très nombreux. Ce cénote a la particularité de posséder une couche de calcaire au fond et à la surface de l’eau. De nombreuses tortues d’eau douce se chauffent au soleil dans la partie découverte. Enfin, Le Pit est sans doute l’un des plus beaux cénotes du Yucatan. Accessible au plongeurs confirmés car il plonge à plus de 40 m., il est impressionnant dès la surface. L’escalier pour y descendre est à pic, et laisse deviner l’effet de chute vertigineuse une fois sous l’eau. La lumière, quand on y plonge le matin, est sublime. Vers 32 mètres, l’eau cristalline deviens orange et quasi opaque. Il s’agit d’un incroyable nuage de souffre. Ambiance fantomatique garantie, entre raies de lumière et silhouettes d’arbres morts qui gisent au fond. La suite de la plongée se déroule sous plafond. Ici, pas de tunnels (en tout cas pas accessibles en plongée loisir), mais une gigantesque cavité de plus de 40 mètres d’ouverture. Stalagmites et stalactites bien sûr, mais aussi et surtout, on profite du fond de la grotte d’un jeu de lumière incroyable, où les rayons mouvants viennent percer l’obscurité. L’on assiste alors, au loin, comme dans un autre monde, à l’immersion de plongeurs rendus minuscules par la perspective, sur fond d’eau d’un bleu profond. Ambiance magique qui émerveille même les plus blasés.
S’il ne fallait en faire qu’un, Le Pit serait celui-là…
Si vous aimez les plongées minérales, rendez-vous dans la faille de Silfra, en Islande.
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Textes et photos : Heïdi Lafeuil